Budget 2017 : Quels impacts pour les seniors ?
Les nouvelles mesures budgétaires prévues par le gouvernement fédéral à la mi-octobre pénalisent à nouveau les personnes les plus fragilisées et entre autres, les personnes âgées. Il prévoit notamment une nouvelle restriction pour le calcul des pensions anticipées, l’augmentation du coût à charge des patients de certains médicaments et la réduction de l’intervention de l’assurance maladie en faveurs des malades chroniques.
L’analyse des décisions budgétaires prises pose question. Sont-elles réellement indolores pour les citoyens et quel impact ont-elles sur les aînés ? Nous avons décortiqué, avec nos confères d’Enéo, ces mesures et leurs répercussions sur les seniors au quotidien.
Soins de santé
C’est sans aucun doute un des points de ce budget qui fait le plus de bruit : 900 millions d’économies réalisées sur les soins de santé par la Ministre Maggie De Block. Celle-ci affirme par ailleurs que cela n’aura qu’un impact très limité sur les patients. Nous nous portons en faux contre ces affirmations ! Par exemple, les efforts de rationalisation des hôpitaux obligeront les patients à plus de déplacements (surtout pour les zones rurales) et le saut d’index imposé aux prestataires sera sans aucun doute répercuté sur les patients.
Jean-Pascal Labille, Secrétaire général des mutualités socialistes Solidaris, intervenait à ce sujet le lundi 24 octobre sur les ondes de la RTBF :
Le patient est touché au travers du déremboursement d’un certain nombre de médicaments, et de l’augmentation du maximum à facturer qui a justement pour objectif de protéger les plus vulnérables. La deuxième conséquence, c’est le déconventionnement des médecins. La troisième, c’est un désinvestissement dans l’hospitalier. On nous avait parlé d’une réforme budgétaire neutre, ce n’est pas le cas. Une dernière conséquence : il y aura une perte de confiance à l’intérieur du système alors que c’est un système de très grande qualité.
Dans cet entretien, notre Secrétaire général précise aussi que les personnes les plus vulnérables seront certainement les plus touchées par ces mesures budgétaires intolérables.
On a signé un pacte avec l’industrie pharmaceutique donc l’effort budgétaire dans ce secteur sont à relativiser. Par contre, le patient va être impacté : de 3 ou 6 euros selon les médicaments. Ce sont des choses qui peuvent amener des gens dans la précarité. Indirectement, si le déconventionnement des médecins est ce qu’il est, il est clair que le patient va être impacté. Nous sommes pour une réforme hospitalière mais pas comme ça. Il faut se laisser du temps.
Jean-Pascal Labille rappelle aussi l’existence d’un front commun des mutuelles et prestataires de soins sur ces questions.
Cependant, il faut souligner que Pharma.be (Association générale de l’Industrie du Médicament) qui représente les intérêts de l’industrie pharmaceutique s’est plaint par communiqué de presse le 18 octobre 2016 que l’essentiel des efforts budgétaires toucheront le secteur pharmaceutique.
La moitié des économies totales dans les soins de santé sera supportée par le secteur pharmaceutique. La facture totale atteint 452 millions d’euros, soit un sixième de l’effort budgétaire global du gouvernement fédéral. « Il s’agit de la plus forte contribution jamais fournie par un seul secteur pour le maintien en équilibre du budget des soins de santé », déclare Catherine Rutten, CEO de pharma.be.
Par ailleurs, le secteur pharmaceutique est le seul secteur à devoir se contenter d’un budget inférieur à celui de l’année précédente. En tant que partenaire responsable, nous apportons une contribution majeure à la durabilité de notre système de soins de santé. Mais en ce qui nous concerne, les critiques de ces dernières semaines à l’encontre de notre secteur peuvent maintenant cesser.
Les prestataires de soins et les médecins vont être impactés s’ils n’augmentent pas leurs honoraires qui ne vont pas être indexés.
Mais ce sont les prestataires de soins qui payeront le plus lourd tribut au budget 2017 de l’Etat. Ils seront tenus de prescrire 60 % de médicaments génériques ou moins chers – contre un quota de 50 % actuellement. Et surtout, ils verront l’indexation de leurs honoraires rabotés de deux tiers. L’opération rapportera 247 millions d’euros. L’Association belge des syndicats médicaux estime déjà que l’accord médico-mutuelliste ne tient plus, et se réserve le droit de rendre la liberté tarifaire aux médecins.
Pour les aînés, les besoins de soins médicaux adaptés et parfois réellement onéreux augmentent. La consommation de médicament s’élève aussi. L’inquiétude des aînés pour leur accès aux soins de santé n’est pas une illusion, les chiffres le démontrent dans le baromètre Solidaris consacré au bien-être (janvier 2016) :
- Près de 5% des personnes âgées de 70 à 74 ans ont dû renoncer à l’achat de médicaments prescrits par le généraliste au cours de l’année, ce pourcentage s’élève à 13,6% des personnes entre 55 et 59 ans !
- Plus de 49 % des pensionnés interrogés étaient vraiment inquiets de la place de plus en plus importante des dépenses en médicaments dans leur budget.
- 7% des 55-59 ans ont renoncé à aller chez le généraliste pour raisons financières. Plus inquiétant encore, 14,9% n’ont pas été chez le spécialiste par manque de moyens. 5% des pensionnés sont dans la même situation.
Une vaste enquête menée par la Mutualité chrétienne (MC) et ses mouvements Altéo et Samana révèle que la moitié des familles dont un membre est invalide connait des difficultés importantes pour boucler leur fin de mois. Certaines se voient contraintes de renoncer à des soins de santé. Or le retour au travail n’est pas évident : 83% des invalides n’ont plus pu travailler depuis le début de leur incapacité. Et le report de l’âge légal de la pension risque, sans mesure d’accompagnement, de faire tomber nombre de travailleurs âgés en situation d’incapacité.
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