« OK BOOMER »

« Je crois au pouvoir et à la force des mots » comme Malala Yousafzai dans son discours aux Nations Unies.

Avant la cacophonie des mots-stigmates, ils résonnent pourtant une toute première fois à nos oreilles,  comme cette expression « Ok boomer », qui a fait se dresser bien des cheveux (blancs) en 2019. Lors d’une allocution sur le changement climatique, la parlementaire néozélandaise Chlöe Swabrick a été interrompue par des confrères qu’elle a fait taire d’un incisif  « Ok boomer ».

Devenue virale, cette expression a même fait son entrée dans le dictionnaire en ligne de la langue française qui la définit par : « phrase adressée à une personne de la génération baby-boom dans le but de se moquer d’elle ou l’ignorer ». Sa traduction et ses déclinaisons sont d’une grande recherche stylistique : « Cause toujours, baby-boomeur », « Plaît-il, fossile », « Fort bien, l’ancien », etc. !

Et, à toutes fins utiles, « le mot ‘ok boomer’ rapporte 16 points au Scrabble ».

Si cette phrase s’entend comme une discrimination à l’égard des personnes âgées, il n’y a pourtant pas d’âge pour être un boomer. Un·e jeune adulte, par exemple, pourra être perçu·e comme un boomer par un·e adolescent·e. Autrement dit, on est toustes le·la boomer de quelqu’un d’autre…

Chaque génération se construit en se dissociant de la précédente, (ap)portant son propre regard sur le monde. Elles contribuent, ensemble, à faire société. Or, l’expression « Ok boomer » traduit un dialogue rompu entre les générations notamment autour des questions ayant trait au climat et à l’identité.

Notre défi, à toutes et tous, est de rétablir cette communication. Faire que les mots ne soient pas des instruments au service de la fracture générationnelle actuelle mais de puissants conteurs de nos histoires singulières et entremêlées. Dans une société où jusqu’à 6 générations se côtoient, il s’agit de transformer cette simple ‘co-présence’ en « des échanges qui s’éprouvent dans toutes les directions », de « créer des situations permettant des interactions entre générations susceptibles de saper les stéréotypes… ». (Jean-Jacques Amyot)

Alors, à nos stylos et/ou claviers pour que les mots, « ‘’ces passants mystérieux de l’âme’’, […] grands magiciens et […] redoutables entraîneurs de foules »* dictent la nouvelle trame du vivre ensemble !

*Raymond Poincaré

Pour aller plus loin : « A la recherche de liens entre les générations », Amyot Jean-Jacques, Presses de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP), 2016. – 105 p.

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