Le projet de vie en maison de repos : état des lieux

Depuis une vingtaine d’année, un basculement s’opère dans la philosophie des institutions d’hébergement pour personnes âgées. Les milieux juridiques et scientifiques travaillent à ce que « la maison de vie » prenne le dessus sur « l’hospice » du temps où l’individu, pris en charge par l’institution, ne disposait presque d’aucune liberté d’action formelle. « Il s’agissait de tourner résolument la page des institutions asilaires1 et de redonner du sens à l’action gérontologique, de redéfinir la finalité des institutions, et, de façon connexe, de réhabiliter aux yeux de l’opinion l’image dégradée des établissements » (Amyot et Mollier, p.31). C’est dans ce contexte de retournement symbolique que la notion de « projet de vie » (PDV) est née. Elle avait et a toujours pour objectifs principaux de permettre aux résidents et aux professionnels de conserver, pour les uns, un sens existentiel, pour les autres, un sens à leur travail.

Contexte

En 1992, la Région wallonne oblige la rédaction préalable du PDV à toute ouverture ou extension de maison de repos sans toutefois préciser les contours de cette notion.

Il faut attendre 1996 pour que la législation insiste sur les valeurs et caractéristiques à prendre en compte dans la réalisation du PDV telles que les potentialités et l’épanouissement personnels de l’individu, le respect de la conservation du lien avec l’environnement social et culturel, l’autonomie et la prévention de la dépendance, la lutte contre l’isolement social.

Dans une circulaire du 2 février 1999 à destination des directeurs de maison de repos, le Ministre de l’Action sociale Willy Taminiaux élargit les recommandations. Il invite à ce que le PDV soit construit en concertation avec l’ensemble du personnel et des représentants de résidents, qu’il s’ouvre à tous les aspects de l’organisation et qu’il fasse l’objet d’une évaluation.

La notion de qualité voit le jour en 2009 dans les textes de lois, lorsque la Ministre Éliane Tillieux propose un label « qualité » aux institutions d’hébergement. Ce label sera octroyé à celles qui signent une charte déclinée en six axes :

  • le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux
  • l’accueil personnalisé et l’accompagnement quotidien du résident
  • la garantie de soins de santé adéquats par un encadrement pluridisciplinaire adapté et notamment du personnel formé en gérontologie et gériatrie
  • l’accent sur une bonne nutrition et le plaisir alimentaire, la recherche du bien-être physique, psychologique et social de la personne âgée et enfin
  • l’accès à une vie culturelle, sociale et artistique par une animation et des loisirs adaptés

Si la notion de projet de vie et ses composantes se précisent dans sa dimension théorique, en est-il de même dans la pratique ? La qualité de vie des résidents de maison de repos s’est-elle améliorée depuis l’avènement de cette notion? L’époque où l’institution d’hébergement pouvait être assimilée au cloitre ou au mouroir est-elle révolue ? Quelles difficultés rencontrent les acteurs de terrain pour mener à bien le PDV ? Et comment parvenir à les contrer ? Bien que ce champ d’analyse soit vaste, nous tenterons de donner quelques éléments de réponse à ces questionnements. État des lieux.

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