Quand devient-on vieux·vieille ?

Le 1er octobre est la journée mondiale des personnes âgées. L’occasion pour moi d’interroger celles et ceux qui voyagent « au pays que nous irons tous habiter un jour, cette contrée qu’on ne sait comment nommer : la vieillesse ? » (Adler, 2021). Lors de l’atelier des philosophes, leurs paroles s’apostrophent, s’écoutent, s’accordent et s’entrechoquent.
Ancien·n·e, troisième et quatrième âge, mamie, senior, aîné·e, papi, ancêtre, etc. Les appellations pour désigner les personnes qui vieillissent ne manquent pas.
Qu’est-ce qu’une personne âgée ?
« C’est une personne d’un certain âge et que la société définit comme telle. Je dirais que, pour la société, on est âgé·e quand on ne travaille plus. (…) La personne est âgée quand elle est pensionnée, qu’elle ne produit plus, au sens du travail, mais ça ne veut pas dire qu’elle ne produit pas dans d’autres domaines comme le bénévolat par exemple.
Être âgé·e, c’est additionner les bonheurs et les malheurs de la vie. (…) Il y a du positif dans le fait de vieillir : au niveau mental, on devient plus sage, on a plus d’expérience, on a encore le temps d’apprendre beaucoup ; dans le négatif, il y a la mobilité physique qui diminue, on a parfois mal quelque part, on est plus vite fatigué·e, etc. (…) Une personne âgée, c’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience mais qui a parfois du mal à transmettre ce qu’iel a vécu car il y a un trop grand décalage entre iel et les autres générations.
Je vais vous raconter une anecdote : dans le bus, il faut se lever pour laisser sa place aux personnes âgées. Un jour, on s’est levé·e·s pour moi ! Et je me suis senti comme une personne âgée ! (…) Moi, la première fois qu’on m’a dit « monsieur », là, j’ai pris un coup de vieux !
Vieillir dépend de la personne : l’une se laissera vieillir quand l’autre aura la volonté de « faire ». (…) La vieillesse n’est pas nécessairement liée à l’âge : il y a des jeunes qui sont vieux·vieilles par la pensée et des vieux·vieilles qui sont dynamiques dans leurs mouvements.
Vieillir, c’est aller vers la fin de sa vie, descendre l’escalier. C’est perdre beaucoup de choses ; ne plus savoir faire ce qu’on pouvait faire avant.
Moi, la vieillesse, je n’y pense pas. J’essaie de garder une âme jeune, un comportement insouciant. (…) J’ai 78 ans et je ne suis pas vieille ! »
Y a-t- il une différence entre être « âgé·e » et être « vieux·vieille » ? Si oui, laquelle ?
Être âgé·e est une circonstance naturelle. Ce sont simplement les années qui passent.
Je pense à une citation du général MacArthur : « Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille. » On est vieux·vieille quand on ne sait plus s’étonner, qu’on a perdu le goût des choses, qu’on n’a plus de projets.
Oui, on peut être âgé·e mais pas vieux·vieille. On peut vivre des tas de choses en étant âgé·e. Vieux·vieille, c’est accepter d’être diminué·e.
Vieux·vieille est un adjectif plutôt péjoratif. Ça dit une défaillance, un état de décrépitude psychologique et/ou physique dans lequel on se trouve.
Moi, je ne veux pas être placée du côté des vieux et des vieilles simplement à cause de mon rollator ! On peut être âgé·e sans être vieux·vieille si on se tient au courant de ce qu’il se passe, qu’on nourrit son esprit, etc.
Je vais répondre par un autre mot : vivre et avoir l’envie de vivre. Que l’on soit âgé·e ou vieux·vieille, on s’adapte, on accepte les circonstances.
« Tout passe, tout casse, tout lasse. » Alors que la maladie s’installe et pompe une grande part de son énergie vitale, l’une est désillusionnée. L’autre, à défaut d’émerveillement, a toujours de l’intérêt et des émotions vives quand il constate la marche de notre monde… Une autre encore de dire son admiration envers celles et ceux qui portent la joie de vivre dans un quotidien si incertain. Pour se ressourcer, l’une tourne la tête vers le jardin et décrit les magnifiques couleurs de l’arbre à perruques en cette saison automnale. L’autre esquisse un sourire en disant son projet actuel et futur : s’aimer soi-même, mieux, et aimer celles et ceux qui l’entourent.
Elodie
Merci aux participant·e·s de la Maison Sainte-Monique, de la résidence Augustin et de la maison Biloba Huis pour ces moments d’échange. Les propos ont été retranscrits comme tels ; seul l’agencement et l’écriture inclusive relèvent du choix de l’autrice.
Bonus réflexion philo : au même titre que le 8 mars n’est pas la « journée des femmes » mais bien une journée de lutte pour les « droits des femmes », Liages revendique que le 1er octobre soit une journée de défense des « droits des personnes âgées ». Il est urgent de reconnaître ce groupe social comme des citoyen·ne·s à part entière !







