La discrimination à l’emploi des plus de 45 ans Etat des lieux et pistes

La répartition des âges dans notre société s’est largement transformée ces dernières années. Nous évoquons le vieillissement de la population pour illustrer le résultat de l’augmentation de l’espérance de vie corrélée à la diminution de la fécondité. En 2008 , le nombre de personnes de plus de 45 ans représentait 43% de la population en Belgique. Cette importante représentation des plus de 45 ans modifie considérablement le paysage de notre société ainsi que celui du marché de l’emploi.

Comme nous avons pu le constater dans une précédente analyse , les politiques européennes et nationales tendent à défendre une place de plus en plus importante des personnes âgées de plus de 45 ans sur le marché de l’emploi.

En 2012, l’Union européenne s’est fixée comme objectif d’encourager et de soutenir les Etats membres à stimuler le vieillissement actif tout en préservant la solidarité entre générations et en valorisant le potentiel des plus âgés.

Dans ce contexte, l’Union européenne a développé une stratégie « 2020 » ayant, entre autres, pour cible l’emploi de 50% des 55-64 ans d’ici 2020.

Pour répondre à cette volonté, la Belgique s’est dotée d’une législation forte. Elle a pour objectif de promouvoir la création d’un plan d’emploi pour les travailleurs âgés en vue d’engager ou de maintenir les travailleurs de plus de 45 ans sur le marché de l’emploi.

Malgré les politiques belges qui soutiennent l’emploi des plus de 45 ans, il est cependant constaté que les travailleurs âgés sont victimes de discriminations ayant de sérieuses répercussions sur leur employabilité ou leur souhait de rester en emploi.

Différentes études pointent le fait qu’en Belgique, la discrimination lors du recrutement ainsi que sur le lieu de travail est très courante et assez banalisée.

Comment sortir de ce paradoxe dans lequel : d’une part on nous demande de promouvoir l’emploi des plus de 45 ans, et d’autre part l’image des travailleurs âgés n’a jamais été autant en proie à des préjugés et des stéréotypes dévalorisants ?

C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre. Nous nous efforcerons de comprendre comment et pourquoi les travailleurs de plus de 45 ans sont discriminés et essayerons de dégager des pistes pour lutter à différents niveaux contre cette discrimination.

Quelques données chiffrées

Un rapport de l’ULB a dévoilé en 2011 quelques résultats concernant les travailleurs âgés (pour le 4ème trimestre de l’année 2007).

  • Le taux d’emploi diminuerait avec l’âge. Celui-ci serait de 74,6%, pour les 45-49 ansde 68,5% pour les 50-54 ans et chuterait à 37,8% pour les 55-64 ans. Pour la tranche d’âge des 35-44 ans, il serait quant à lui de 76,1%.
  • Le taux chômage aurait tendance à fluctuer avec l’âge. Celui-ci est de 7% chez les 4549 ans, 10,6% chez les 50-54 ans et 7,7% chez les 55-64 ans.
  • La durée du chômage augmenterait elle aussi avec l’âge. Elle dépasse 2 ans chez 60% des plus de 45 ans pour atteindre 80% chez les plus de 55 ans.
  • Au niveau du régime de travail, les plus de 45 ans sont fortement représentés dans des emplois à temps partiel. C’est le cas de 29,1 % des 45-49 ans, 34,2% des 50-54 ans, 34,4% des 55-64 ans et 70,7% des plus de 64 ans.

Le Baromètre Européen de la Commission européenne de 2012 fait état d’un écart significatif en Belgique (un des plus importants de l’Union européenne) entre le niveau d’activité des personnes de plus de 55 ans et des 25-54 ans.

Le Baromètre de la diversité Emploi a révélé en septembre 2012 quelques résultats interpellant :

  • Les personnes de plus de 45 ans ont un risque de discrimination au moment de l’embauche de 7 à 8% plus élevé.
  • Les entreprises n’investissent quasiment pas dans la professionnalisation de leur procédure de recrutement et de sélection.
  • La moitié des responsables des Ressources Humaines reconnaissent que l’âge du candidat exerce une influence sur la sélection finale.
  • 15% des responsables de la sélection déclarent que les candidats âgés doivent davantage faire leurs preuves que les jeunes.
  • Durant le contrat de travail 12% des personnes disent avoir été témoin de discrimination et 6% à en avoir été les victimes au cours des deux dernières années.
  • La discrimination prend deux formes : le manque de respect (personne pas prise au sérieux, niée ou infantilisée en raison de son âge) et les mauvais traitements (insultes, situations d’abus ou différence de traitement). En Belgique les répondants font état de 36% de manque de respect et de 24% de mauvais traitement.
  • Une organisation sur trois dit investir dans la formation et le développement des compétences des plus de 45 ans. Quand c’est le cas, il a été constaté qu’il s’agissait souvent d’une politique de façade.
  • Le taux d’emploi des 25 à 50 ans est relativement élevé en Belgique par contre, le taux d’emploi des personnes âgées fait de très mauvais score.
  • 2/3 des responsables des Ressources Humaines disent ne pas connaitre la politique publique en matière d’emploi des seniors.
  • L’argument économique est utilisé majoritairement par les employeurs pour justifier une distinction fondée sur l’âge.

Ces études pointent le fait que la discrimination dans le monde de l’emploi se porte de manière considérable sur les travailleurs âgés.

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